Irak: les deux Allemands considérés par leur gouvernement comme kidnappés
Un employé de la cellule de crise pour retrouver les otages allemands pointe une carte de l'Irak, le 24 janvier 2006
BAGDAD (AFP) - 25/01/2006 09h23 - Vingt-quatre heures après leur disparition en Irak, deux ingénieurs allemands sont désormais considérés comme enlevés par leur gouvernement, alors que Bagdad assure que la libération prévue de détenues n'est pas liée aux demandes des ravisseurs d'une journaliste américaine.
D'autre part, des juristes de la Commission électorale irakienne ont commencé l'examen des plaintes des partis politiques qui contestent les résultats des élections législatives du 15 décembre.
Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a admis mardi soir qu'il fallait "partir du principe que les deux Allemands ont été enlevés".
Selon de nouvelles informations recueillies de source occidentale à Bagdad, un troisième ressortissant allemand et un Irakien, qui se trouvaient en compagnie des deux ingénieurs allemands, ont échappé aux ravisseurs qui ont cru qu'ils étaient tous deux Irakiens.
L'Allemand doit son salut au fait "qu'il possède une certaine connaissance de la langue" arabe et a été pris pour quelqu'un du pays, a ajouté cette source, qui a affirmé "que jusqu'à mercredi matin, les ravisseurs n'ont formulé aucune demande".
Photo d'archives non datée de la journaliste américaine Jill Carroll
Les deux ingénieurs allemands, qui travaillent pour la SARL Cryotec, entreprise allemande de construction d'installations techniques, ont été enlevés mardi par sept hommes portant des uniformes militaires, alors qu'ils se rendaient sur le site de la raffinerie de Baïji (200 km au nord de Bagdad), selon la police irakienne et un garde de la raffinerie.
Tout en affirmant ne pas se soumettre aux demandes des ravisseurs de la journaliste américaine Jill Carroll, le ministère de la Justice irakien a annoncé que cinq Irakiennes figurent parmi les 424 détenus qui bénéficieront jeudi d'une des libérations périodiques de prisonniers.
La décision a été prise mardi par une commission irako-américaine chargée d'examiner régulièrement les dossiers des détenus dans les prisons gérées par la Force multinationale, a indiqué un porte-parole du ministère de la Justice.
Les ravisseurs de Jill Carroll, journaliste âgée de 28 ans travaillant pour le quotidien américain Christian Science Monitor, ont menacé le 17 janvier de la tuer sous 72 heures si les prisonnières en Irak n'étaient pas libérées.
Aucune information n'a été donnée depuis lors sur le sort de cette Américaine enlevée le 7 janvier par des hommes armés à Bagdad, qui se présentent sous le nom des "Brigades de la Vengeance".
La commission quadripartite (Justice, Intérieur, Droits de l'Homme et Force multinationale) a décidé mardi de libérer 424 Irakiens, dont cinq femmes, après avoir conclu qu'ils n'étaient pas impliqués dans des actes de violences", a déclaré le porte-parole du ministère de la Justice.
Bagdad, le 20 janvier 2006
Plus de 40 étrangers sont actuellement enlevés ou portés disparus en Irak. Les rapts touchent aussi les Irakiens, dont des centaines ont été enlevés depuis l'apparition de la pratique des enlèvements en avril 2004.
Les juristes ont commencé à examiner les 24 plaintes de partis qui contestent la répartition des sièges au sein du Parlement élu le 15 décembre.
"Nous espérons voir les juristes trancher dans le délai imparti de dix jours pour qu'on puisse annoncer les résultats définitifs et certifiés des élections", a déclaré un membre de la Commission électorale indépendante.
Des représentants de la liste des chiites conservateurs, qui rafle pourtant 128 sièges sur les 275 du Parlement, ont dénoncé le système compliqué d'attribution des sièges, en affirmant qu'il les prive de six à neuf places.
Les Kurdes, avec 53 sièges, ont affirmé pour leur part avoir été privés de quatre sièges alors que la principale liste sunnite de la Concorde (44 élus) estime avoir été privée de 11 sièges.
En dépit de ce mécontentement, aucun parti ou mouvement n'a annoncé son intention de boycotter le Parlement ou le processus politique en cours.
Par ailleurs, le nombre d'Irakiens vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003 et représente près de 20% de la population, selon des chiffres du ministère irakien du Travail.
Photo d'archives non datée de la journaliste américaine Jill Carroll