L'Italie terrasse l'Allemagne
LE FILM DE LA JOURNEE : D'expérience, l'Italie savait qu'elle ne pouvait pas se permettre d'attendre les tirs au but pour battre l'Allemagne. Les chiffres sont formels : en Coupe du Monde de la FIFA, alors que la Mannschaft ne s'est jamais inclinée depuis les onze mètres, la Nazionale a échoué trois fois sur trois. Bref, la route de Berlin réclamait une conclusion avant le terme des 120 minutes.
Au Stade de la Coupe du Monde de la FIFA de Dortmund, les Italiens ont attendu la 119ème minute pour frapper. Du coup, les Allemands n'ont presque pas eu le temps de réagir. Pire, leur seule riposte a entraîné leur perte, Alessandro Del Piero profitant de la désertion de l'arrière-garde pour doubler la mise. De quoi enterrer les espoirs de tous les Allemands, joueurs et supporters, qui avaient tant œuvré pour faire de cette Coupe du Monde de la FIFA un grand succès populaire.
L'Allemagne ne sera pas le premier pays à remporter les deux éditions organisées sur son propre sol. Ce sont désormais les protégés de Marcello Lippi qui ont l'occasion de coudre une quatrième étoile dorée sur leur fameux maillot azzurro. Dans ce qui sera leur sixième finale mondiale, les Italiens affronteront soit la France, soit le Portugal, en fonction du dénouement de la seconde demi-finale, qui se disputera ce mercredi 5 juillet à Munich.
Si, ce soir, l'Allemagne avait réussi à forcer la décision, il y a fort à parier qu'elle aurait abordé la finale de Berlin avec les batteries à plat. Déjà en quarts de finale, les hommes de Juergen Klinsmann avaient dû batailler 120 minutes durant contre les Argentins, avant d'arracher la victoire aux tirs au but. L'interminable combat de ce soir face aux Italiens aurait sans doute été de trop.
En ouvrant enfin le score à une minute de la fin de la prolongation, les Azzurri ont mis sens dessus dessous un pays qui ne vit que pour le football. Un pays déjà secoué par l'affaire des matches truqués, qui risque d'entraîner la relégation de quatre grands clubs transalpins. L'un d'eux, le Milan AC, fournit à la Squadra Azzurra son maître à jouer, Andrea Pirlo, aujourd'hui élu 'Homme du Match'. Il y a également la Juventus, club où évolue le second buteur de la soirée, Alessandro Del Piero, admirable à la conclusion.
Lorsque ce scandale s'est fait jour, d'aucuns ont estimé qu'il ne pouvait que nuire aux chances de l'Italie sur la plus prestigieuse des scènes. Peut-être qu'ils se sont trompés. Peut-être que, au contraire, la motivation des joueurs en a été décuplée. Ou bien peut-être que, comme Lippi l'a avancé à plusieurs reprises, cette affaire n'a rien changé au sein de son groupe. En tout cas, face à l'Allemagne, une équipe qui surfait sur la vague d'euphorie déclenchée par ses dernières prestations, l'Italie ne jouissait pas forcément des faveurs des pronostics. A fortiori quand on savait qu'en quatorze matches disputés à Dortmund, la Mannschaft n'avait jamais courbé l'échine, concédant tout juste un match nul contre le Pays de Galles. Mais celle-ci n'avait pas le droit de prendre à la légère une Italie qu'elle n'avait jamais battue en quatre rencontres de Coupe du Monde de la FIFA.
Pour remplacer son aboyeur en chef Torsten Frings, suspendu, Klinsmann a décidé de s'appuyer sur Sebastian Kehl, sociétaire du Borussia Dortmund, un habitué de l'ambiance de ce stade magique. Sur le côté gauche, l'ancien Monégasque a préféré la puissance de Tim Borowski à l'audace de Bastian Schweinsteiger. Côté italien, on devait surtout se demander si les cadres que sont Pirlo et Totti parviendraient à garder leur calme malgré la proximité de la finale et la ferveur des fans locaux.
Ces craintes étaient infondées. Car les "fantasisti" italiens ont pris le match à leur compte dès l'ouverture des débats. Le match amical que les deux formations avaient disputé à Florence en mars dernier avait vu les Transalpins inscrire deux buts dans les sept premières minutes, avant de s'imposer sur le score de 4-1 au bout du temps réglementaire. Ce mardi soir, l'ouverture du score a mis longtemps à venir, mais on a vite senti que l'Italie avait le match en mains.
L'instant du jour
En entamant la dernière demi-heure réglementaire, les Italiens savaient qu'ils devaient agir avant le coup de sifflet final. Cette prise de conscience s'est traduite par deux tirs cadrés, œuvres d'Alberto Gilardino et de Gianluca Zambrotta. Un sur le poteau gauche de Lehmann, après un joli numéro de funambule de l'attaquant rossonero. L'autre sur la transversale, sur une magnifique frappe du défenseur multitâches bianconero.
L'homme du jour
Andrea Pirlo – Toujours le bon choix
Dans l'entrejeu italien, Pirlo n'a quasiment rien raté et Francesco Totti a souvent pris le meilleur sur son garde du corps. Cette mainmise sur le match a permis aux deux plaques tournantes de la Nazionale d'alimenter leurs attaquants dans de bonnes conditions. Il faut dire qu'ils n'avaient rien à craindre du côté de leur défense, où Fabio Cannavaro a encore fait étalage de ses qualités sur nombre d'interventions décisives.
Aucune chance de battre le record établi en 1970, où ces deux équipes avaient inscrit cinq buts dans la prolongation, pour une victoire finale 4-3 de l'Italie, mais les intentions étaient bel et bien là. Les Allemands auraient également pu faire pencher la balance de leur côté, sur cette tête au premier poteau que Podolski n'a pas réussi à décroiser.
Le but du jour
Fabio Grosso : Italie 1-0 - Tout s'est joué dans la dernière minute de la prolongation, lorsque Pirlo a pris le temps de déployer le périscope et de trouver Grosso seul dans la surface. Malgré son envergure, Lehmann n'a rien pu faire pour stopper le superbe ballon enroulé par le défenseur palermitain dans son petit filet. Et il a encore dû s'incliner quelques secondes plus tard, sur un bijou de Del Piero. L'Allemagne devra se contenter au mieux de la troisième place, tandis que l'Italie pense déjà à la grande finale de Berlin.