Grippe aviaire:Jacques Chirac contre une"panique injustifiée ''
Jacques Chirac s'est porté à la rescousse de la filière avicole française, affectée par l'épizootie de grippe aviaire, en s'élevant contre les prémisses de "panique" et réaffirmant qu'il n'y avait "aucun danger" à consommer de la volaille et des oeufs.
A l'occasion de sa traditionnelle visite au Salon de l'Agriculture, dont l'aviculture est cette année absente, le chef de l'Etat a voulu montrer l'exemple en consommant à deux reprises du poulet.
"On voit se développer hélas, avec les conséquences économiques et sociales que cela comporte, une espèce de panique totalement injustifiée", a déclaré le chef de l'Etat avant de parcourir les allées du salon durant près de quatre heures.
"J'appelle solennellement, notamment ceux qui ont vocation d'informer, les médias, de bien souligner qu'il n'y a pas de danger à consommer de la volaille ou des oeufs", a-t-il ajouté à l'issue d'une brève réunion avec trois responsables de la filière agricole, dont Charles Doux, président du groupe Doux, et trois représentants des services vétérinaires.
"En toute hypothèse, le virus en question, dans la mesure où il serait avéré, est détruit automatiquement à la cuisson", a rappelé Jacques Chirac.
"Il n'y a pas de danger, c'est l'Afssa (ndlr, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments) qui le souligne, à consommer de la volaille ou des oeufs", a-t-il insisté.
Cette nouvelle mise au point de l'exécutif intervient alors que le ministère de l'Agriculture a confirmé dans la nuit de vendredi à samedi que des dindes mortes dans un élevage de Versailleux, dans l'Ain, étaient porteuses du virus H5N1.
Il s'agit du premier cas de contamination d'un élevage dans l'Union européenne.
MANDELSON APPELLE AU CALME
Présent sur le stand de la Commission européenne, Peter Mandelson, commissaire au Commerce, s'est refusé à parler de "crise".
"Ce n'est pas encore une crise. Nous devons prendre des mesures préventives fortes tout en apportant un soutien aux éleveurs dont la survie est en jeu", a-t-il déclaré à des journalistes avant un bref échange avec Jacques Chirac.
"Je ne veux pas être alarmiste, mais il est clair que des enjeux économiques sont en jeu", a-t-il ajouté.
Dans une déclaration à Reuters, Peter Mandelson a mis en garde contre tout excès de précaution après la décision du Japon de suspendre les importations de volailles françaises et néerlandaises en raison des campagnes de vaccination dans ces deux pays.
"Bien que je comprenne leur décision de prendre des mesures de précaution, toute action doit être proportionnée. Il peut y avoir une tendance à en faire trop et cela peut être un danger", a-t-il souligné.
Jacques Chirac s'est brièvement entretenu avec le ministre japonais de l'Agriculture, Shoishi Nakagawa, également présent porte de Versailles. Ce dernier a fait savoir qu'il avait assuré au chef de l'Etat que le problème de la grippe aviaire "ne créerait pas d'obstacles entre la France et le Japon".
Le président de la République a également évoqué le sujet avec Jean-Michel Lemétayer, président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), qui a estimé que le gouvernement devrait réévaluer son dispositif d'aide "semaine après semaine" après la première enveloppe de 63 millions d'euros débloquée en faveur de la filière avicole.
L'Union européenne, a-t-il poursuivi, doit faire des gestes.
Il réclame notamment un relèvement des restitutions (subventions) à l'exportation, à 50 euros par cent kg au lieu des 30 euros actuels, et un déplafonnement des aides aux éleveurs.
"Il doit y avoir une solidarité nationale au bénéfice de ces producteurs", a affirmé Jacques Chirac qui a parlé d'une filière "traumatisée", "blessée".
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